Le projet Psyttalia

Le projet Psyttalia

Le projet Psyttalia a pour objectif d’étudier l’effet de l’hybridation intraspécifique sur le succès d’une invasion biologique. Le projet Psyttalia est un projet scientifique à la charnière entre la lutte biologique et la biologie de l’invasion, fondé sur l’introduction expérimentale d’un insecte parasitoïde d’origine africaine, Psyttalia lounsburyi (Hymenoptera : Opiinae) contre la mouche de l'olive Bactrocera oleae. Ce projet est l'un des cinq volets du projet ANR Biodiversité Bioinv-4i (2007-2010) piloté par l'équipe Biologie des Populations en Interaction (BPI) de l'Institut Sophia Agrobiotech - Inra PACA.

Hybridation et invasion

Le projet Psyttalia a pour objectif d’étudier l’effet de l’hybridation intraspécifique sur le succès d’une invasion biologique. Les hybrides sont le fruit de croisements entre individus d’origines géographiques différentes et qui ont, à ce titre, répondu à des pressions de sélection différentes. Lorsqu’ils font face à de nouvelles conditions, les hybrides peuvent présenter une combinaison de gènes originale et plus intéressante que celle préexistante chez l’un ou l’autre des deux parents. C’est pourquoi l’hybridation peut être un atout pour les organismes qui envahissent un nouvel environnement.

La lutte biologique : une autre approche de biologie de l’invasion

Pour tester l’effet de l’hybridation sur le succès d’une invasion, nous utilisons un organisme modèle, Psyttalia lounsburyi (Hymenoptera : Opiinae). Il s’agît d’un insecte parasitoïde qui présente différents avantages :

  • Plusieurs populations de cet insecte ont été découvertes par nos collègues et collaborateurs du laboratoire américain EBCL (ARS / USDA). Certaines viennent d’Afrique du Sud, d’autres du Kenya. Ces populations sont bien différenciées phénotypiquement et génétiquement (Fst de l’ordre de 0.3);
  • Les insectes parasitoïdes peuvent être importés et introduits dans des régions éloignées de leurs aires d’origines pour résoudre des problèmes écologiques et agronomiques. C’est le principe de la lutte biologique classique. En l’occurrence, Psyttalia lounsburyi a été introduit en Californie, et sera introduit dans le Sud-Est de la France, pour lutter contre le diptère Bactrocera oleae, un ravageur majeur de l’olivier;
  • Les introductions peuvent être manipulées à des fins expérimentales. Dans notre projet, nous introduirons sur le terrain soit des individus provenant de souches parentales d’Afrique du Sud et du Kenya, soit des souches hybrides, issus de croisements entre les souches parentales. Les populations introduites seront étudiées au niveau démographique et génétique afin de déterminer leur succès invasif, et ainsi, de dévoiler les effets de l’hybridation.

Entre le laboratoire et le terrain

Les insectes parasitoïdes ont aussi la particularité de s’élever assez facilement au laboratoire. Leurs générations courtes (de l’ordre de 1 mois pour Psyttalia lounsburyi) facilitent les études d’écologie comportementale et de génétique quantitative. Sur P. lounsburyi, il sera donc possible d’étudier les effets de l’hybridation sur différentes composantes du phénotype telles que la taille, la fécondité, la longévité, la survie à faible température, etc… Les isolements reproducteurs pré- et post-zygotiques seront aussi documentés. In fine, la comparaison des résultats de laboratoire et de terrain nous permettra de mieux comprendre les effets de l’hybridation et leurs conséquences pour les populations invasives.